Emojis Facebook : lorsque Facebook s’amuse de nos sentiments

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Voici déjà quelques jours que toute la sphère social media est en émoi… Et pas que ! Il y a aussi ma vieille tante, ma voisine de palier, mon blogueur préféré et le neveu de ma coiffeuse qui a 14 ans…

Voici des années que tous les utilisateurs de Facebook réclamaient à corps et à cri le bouton ‘j’aime pas”, bouton qui ne fût jusqu’à présent possible, de manière plus que sporadique, que via des extensions souvent bien douteuses. Extensions régulièrement déclarées hors service, au fur et à mesure des mises à jour du célèbre réseau social…

Mais là, ce n’est pas seulement un bouton, mais cinq emojis qui nous permettront de mieux préciser nos sentiments : j’aime, j’adore, Wouah, triste et Grrr, c’est une révolution sans précédent pour le cinquième de l’humanité qui utilise chaque jour Facebook avec passion.

Sauf que, l’enthousiasme passé, cette nouveauté nous laisse, allez savoir pourquoi, un goût amer : d’une part, on ne peut s’empêcher d’y voir une manière pour Facebook de pouvoir proposer très rapidement de nouvelles options de ciblage pour ses facebook Ads. N’oublions pas que facebook ne vit que grâce aux publications sponsorisées… Mais d’autre part, etpeut-être suis-je trop littéraire, je ne peux m’empêcher d’y voir une manière de standardiser nos sentiments en nous vendant une expérience de nous-mêmes et de notre environnement qui se résumerait uniquement via ces cinq sentiments, somme toute assez unilatéraux.

Bref, je n’aime pas cette mise à jour de Facebook. Et plutôt que de dire Grrr, je vais plutôt vous expliquer pourquoi ! 😉

Emojis Facebook : vers de nouvelles options de ciblage pour vos campagnes Facebook Ads

Allez ! Avant toute chose, je reste un marketeur, et même un spécialiste des réseaux sociaux : derrière donc cette mise à jour, rien de fun dans l’esprit de Facebook. Et pour un marketeur, l’arrivée de ces cinq emojis Facebook est tout simplement une petite révolution. Bien plus d’ailleurs pour les marketeur que pour l’utilisateur qui va pouvoir se délecter de coller un “j’aime pas” sous forme de Grrr depuis si longtemps espéré sur une publication !

En effet, derrière cette débauche de nouvelles possibilités, le marketeur aguerri n’y voit qu’une chose : de nouvelles options de ciblage à l’horizon.

La plupart des options de ciblage dans le paramétrage des Facebook Ads ne proposent que des indicateurs purement objectifs : âge, sexe, localisation, centres d’intérêts, et bien d’autres encore : au point que si j’ai envie de cibler un homme de 30 ans portant des lunettes rouges qui prend un verre au bar du coin, c’est (presque) possible grâce à Facebook ! Sauf que vous n’aurez aucune idée de ses sentiments, ses ressentis, c’est à dire de ses motivations irrationnelles qui le poussent ou non à aimer ou pas une publication.

Or, comme je le dis très souvent dans mes articles, les motivations des internautes sont majoritairement irrationnelles : la segmentation du ressenti en cinq sentiments archétypaux peut permettre, à terme, d’introduire de nouvelles possibilités pour les entreprises pour toucher leur clientèle sur le web.

Car soyons clair : une personne qui ressent plus souvent de la colère face aux publications de son mur est très différente d’une personne à profil égal, mais qui aura plutôt tendance à ressentir de la tristesse. Et les publicités que vous devrez paramétrer pour ces deux types de personnes seront très différentes, alors même que tous les autres critères objectifs seront identiques.

C’est vrai, c’est une vrai prise en compte de l’être humain dans sa complexité sur Facebook, et c’est donc un extraordinaire exemple d’optimisation HBO qui nous est présenté.

Mais la joie ressentie n’est que de courte durée  et nous sommes bien loin d’une optimisation HBO pertinente : car c’est vers une standardisation de nos sentiments, nos ressentis, que cherche, et à des fins purement intéressées, à nous mener Facebook.

Emojis Facebook : nos sentiments ne se résument pas à cinq emojis !

Là, vous allez dire que j’abuse… Avant, il n’y avait qu’un seul bouton alors que maintenant, il y en a cinq : c’est donc forcément une vraie amélioration !

Sauf que, l’un dans l’autre, la situation précédente où nous n’avions qu’un seul bouton sous la souris était en soi bien plus intéressante. Certes, nous n’avions que le “j’aime”, mais c’est justement ce qui poussait les personnes à expliquer, à détailler ce qu’elles ressentaient face aux publications qui défilaient sur leur mur.

Or, en catégorisant à la vas-y là qu’j’te pousse nos ressentis pour les faire entrer de force dans cinq emojis tout inoffensifs et tout mignons, des emojis qui, pour les sentiments extrêmes, se résument à des onomatopées dignes d’un bon vieux Pifou, Facebook appauvrit nos sentiments et nous prend pour des jambons, tout ça pour renforcer encore ses capacités à nous cibler, et donc à permettre aux marques de nous vendre toujours plus…

Prenons un exemple : la colère. Être en colère, ce n’est pas Grrr… Les visages de la colère sont multiples : de la révolte à l’hystérie pure et simple, en passant par la colère sourde et rentrée, la colère est dans ses manifestations comme dans ses motivations un sentiment d’une incroyable complexité.

La colère peut être motivée par tant de choses : elle peut être une réaction face à un fait ou une situation inacceptable, mais aussi le fruit d’une frustration, d’une jalousie… Elle peut aussi être un mode d’être, une manière de s’affirmer, d’exister : les personnes les plus sujettes à la colère sont souvent les personnes les plus introverties, paradoxalement.

Bref, la colère est un sentiment d’une immense richesse, et on comprend dès lors que le Grrr de dupe que nous vend facebook ne peut rendre compte de tout ce que recouvre la colère.

Bref, ce que nous vend Facebook avec ces emojis est aussi pathétique que la pub ratée de Mac Donald’s qui, avec le slogan “venez comme vous êtes”, collait à ses clients des têtes d’émoticônes. Je ne suis pas Grrr : je suis une personnalité complexe et c’est dans cette complexité qu’il faut chercher mes motivations lorsque je passe à l’acte d’achat.

L’appauvrissement de nos sentiments, c’est aussi l’appauvrissement de notre pensée et donc de notre esprit critique : Facebook, en nous proposant ces cinq emojis en apparence si inoffensifs nous mène, au contraire, sur des chemins minés. Contrairement aux apparences, nous sommes aux antipodes des fondements d’une optimisation HBO : Facebook ne cherche qu’à nous positionner comme de bons clients pour les marques clientes de ses Facebook Ads.

À nous de ne pas être dupes et à continuer à développer un web de qualité, un web pour les êtres humains, un web au plus près de nos histoires.


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Comments

  1. Bonjour,
    Je suis totalement d’accord avec vous ! Je ne comprends comment on peut réduire la palette des émotions humaines à 5 emojis ridicules. J’ai bien peur qu’une grande majorité de nos contemporains ne réagissent pas et se laissent mettre en boite et réduire !

  2. Bonjour,
    Je suis totalement d’accord avec vous ! Je ne comprends comment on peut réduire la palette des émotions humaines à 5 emojis ridicules. J’ai bien peur qu’une grande majorité de nos contemporains ne réagissent pas et se laissent mettre en boite et réduire !

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