Le storytelling de l’échec : un anti personal branding ?

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Souvent, lors des formations storytelling que j’anime, la question de l’échec comme élément narratif revient parmi les participants.

En effet, un parcours professionnel est loin d’être linéaire : il est bien au contraire constitué, certes de victoires, mais également de moments où, en dépit de tous nos efforts, nous avons échoué dans l’atteinte de nos objectifs. Si ces moments sont extrêmement douloureux pour l’individu au moment où ils sont vécus, ils se révèlent néanmoins, plusieurs mois ou même plusieurs années plus tard, porteurs de sens dans un parcours professionnel si on sait les mettre en récit de manière signifiante.

Un storytelling de l’échec peut donc se révéler être un véritable atout s’il est judicieusement construit, dans une recherche d’emploi ou encore dans l’élaboration d’un personal branding. Voici nos conseils pour intégrer efficacement l’échec dans votre storytelling !

Pourquoi intégrer l’échec dans son storytelling ?

Le premier réflexe d’un individu qui a connu une situation d’échec consiste à la cacher, à tout prix, tel un secret inavouable. Dans une société dominée par le culte de la performance, beaucoup pensent que l’échec est en soi un handicap, et peut même desservir, si cette situation d’échec est évoquée, lors d’un entretien d’embauche par exemple.

Pourtant, dans toute bonne histoire, l’échec est en soi un élément narratif essentiel, permettant, dans la quête que doit mener un héros (dans le contexte d’un schéma actantiel), de le voir progresser, évoluer, se rapprocher en définitive de son statut de Héros, c’est à dire de celui qui a accompli sa quête, qui s’est révélé lui-même dans la concrétisation de cet aboutissement.

Prenons l’exemple du Petit Poucet : si ce dernier n’avait pas, par dépit, utilisé lors de son deuxième abandon par son père dans la forêt, échoué en utilisant des morceaux de pain pour se rappeler son chemin, plutôt que des cailloux blancs, il n’aurait jamais, lui et ses frères, rencontré l’ogre, en n’aurait donc pas pu prouver sa valeur et son courage.

Intégrer l’échec dans son personal branding, c’est donc intégrer dans son parcours cet élément de rupture indispensable qui vous fera sortir de la potentialité pour aller vers la réalisation de soi.

L’échec : un élément narratif à manier avec précaution

Pourtant, l’échec reste un élément narratif à manier avec précaution. Car comme tous les points de rupture, le risque réside dans le fait de s’y enliser, de ne plus parvenir à sortir de cette mécanique de l’échec, de cet élément narratif à la puissance souvent peu soupçonnée.

Car l’échec, dans le clivage qu’il introduit dans votre parcours, risque, s’il n’est pas utilisé à bon escient, de déséquilibrer la perception de ce même parcours en modifiant la perspective que l’autre, qui réceptionne votre discours et se forge une image de vous à partir d’elle, aura de votre propre histoire.

L’échec, dans le contexte d’une bonne histoire, ne peut être une fin en soi : l’échec ne peut être qu’un tremplin, un moment certes empli de déception, mais aussi riche d’enseignements quant au chemin restant à parcourir pour accomplir sa quête, et quant aux armes dont il va falloir se munir pour sortir victorieux, cette fois-ci, des combats futurs qu’il faudra irrémédiablement mener.

Mais l’échec est devenu, notamment depuis quelques années, un élément de personal branding utilisé à tort et à travers. Je suis toujours surpris d’entendre de jeunes entrepreneurs se glorifier d’un échec, comme si l’élément narratif en lui-même se suffisait pour les rendre uniques, inoubliables : mais sans jamais proposer la suite de l’histoire, sans jamais aller au delà en montrant comment cet échec a été dépassé…

En ce sens, l’échec devient l’élément d’un anti personal branding, au risque de saborder complètement l’histoire qu’essaie de se forger celui qui l’utilise.

D’un anti personal branding à un personal branding de l’échec

Il y a donc deux manières d’employer cette élément narratif qu’est l’échec dans le contexte d’un personal branding : mais une seule vous permettra d’écrire une histoire véritablement passionnante.

L’échec pris en tant que tel, sans le mettre dans le contexte plus global d’une quête personnelle, ne conduira qu’à un anti personal branding, c’est à dire, finalement, à un échec cuisant de votre histoire, ce qui constitue un comble en soi n’est-ce pas ?

Par contre, vous pouvez tout à fait développer un personal branding de l’échec : c’est à dire en mettant celui-ci dans la perspective de votre parcours et en montrant :

  • Comment vous en êtes arrivé à cet échec ;
  • Comment vous l’avez dépassé ;
  • En quoi cet échec vous aura servi de leçon, c’est à dire comment vous l’avez dépassé et pourquoi, aujourd’hui, vous êtes désormais armé pour ne plus vivre un échec similaire.

Alors, seulement, l’échec deviendra dans votre personal branding un élément narratif fécond, passionnant, et qui jouera pleinement son rôle en donnant à votre histoire une dimension irrémédiablement personnelle et passionnante.


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Comments

  1. Hello,

    J’ai basé mon bouquin là dessus !

  2. Hello,

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